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 Daniel Faivre, : "Nos élus devraient arrêter de faire la politique de l’autruche"


Politique
Samedi 9 Novembre 2013

A l’issue de la visite de M. Chérèque, Chargé de la mise en œuvre du plan pluriannuel contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale, Daniel Faivre, président de l’Association Solidarité Inter-Génération (ASIG), était parmi les invités choisis par la préfecture pour assister aux différentes réunions. Il fait le bilan de ces trois journées :


 Daniel Faivre, : "Nos élus devraient arrêter de faire la politique de l’autruche"
Daniel Faivre, comment se sont passées ces réunions ?


Les personnes de la préfecture, comme M. Brunetière, croisé devant la préfecture, nous ont réservés un accueil très chaleureux. J’étais accompagné de Philippe Régnier, de l’Association la Voix d’Or et d’Aurélien Centon de l’Association du "P’tit Cœur". Je pense que le travail que nous faisons depuis plus de 10 ans maintenant, commence enfin à avoir des échos auprès de nos administrations locales, avec lesquels j’essaye de construire une relation durable.

Ça n’a pas été sans mal, car souvent, lorsque j’avais l’impression de me heurter à des murs, mes mots étaient très durs dans mes mails. Avec l’ancien sous-préfet de la cohésion sociale, M. Boisson, j’avais d’excellents rapports.

Lorsqu’il est parti, il fallait tout recommencer, mais j’ai l’impression que M. Brunetière et M. Boilot, sous-préfet actuel de la cohésion sociale, commencent à être à l’écoute. Nous avons pu aussi échanger avec M. Chérèque et de son proche collaborateur. Ils ont été attentifs. Nous attendons maintenant les actions.


Que pensez-vous de l’organisation générale de ces réunions ?


Comme d’habitude, ce sont les personnalités locales qui sont mises en avant. Et je dois dire que j’ai été surpris par l’intervention des membres du Conseil Général, notamment Albert Marimoutou DGA adjoint du CG. Son intervention d’abord était trop longue et ensuite, j’ai eu l’impression que tout était rose à La Réunion pour les personnes âgées. Effectivement, dans le cas des personnes âgées qui étaient fonctionnaires, tout va bien. Les maisons de retraites qui sont extrêmement chères, peuvent les accueillir et elles seront bien traités.

Tout est une question de moyen. L’intervention du gérontologue Dr Catteau, était du même style. Tout va bien pour les personnes âgées à La Réunion. J’ai vraiment eu l’impression que ces personnes n’allaient jamais dans les endroits où la pauvreté est présente.


Et la pauvreté dans tout ça ?

Justement, ce ne sont pas dans les maisons de retraites réservées aux riches que vous allez trouver les pauvres. Même si le Conseil Général fait effectivement des actions pour les personnes âgées, on l’a vu avec l’organisation de la semaine bleue dernièrement, la mise en place du chèque santé…

il ne faut pas se leurrer. Le contexte social à La Réunion ne trompe personne et les personnes âgées sont de plus en plus touchées par la pauvreté et c’est là-dessus qu’il faut mettre l’accent. Je rencontre tous les jours des personnes qui "vivent" avec des retraites de 50, 100, 200 € et qui ne savent ni lire, ni écrire et qui sont en situation de détresse terrible.

Vous vous rappelez du cas de M. Tangachy, en plein centre ville de Saint-Louis qui vit sans électricité et qui de surcroit est atteint d’un cancer à la gorge, et bien malgré mon intervention depuis le 25 septembre 2013, il n’a toujours pas d’électricité. c’est grave quand même ! On me dit que le cas de M. Tangatchy est difficile dans la mesure où il y a un problème de succession sur le terrain… et patati et patata. Branchez-lui l’électricité et qu’on en finisse ! Lire l’article relatif à cette intervention.


Comment font ces pauvres gens pour vivre avec une retraite aussi ridicule ?

Ils ne vivent pas, ils survivent. De plus en plus font les poubelles pour se nourrir, mais ça, il ne faut pas en parler. C’est mauvais pour l’image de La Réunion et c’est le signe de l’échec des politiques mises en place pour les personnes âgées qui n’atteignent que ceux qui connaissent leur droit. Tout va mal et on veut faire croire que tout va bien… Le Conseil général met en évidence qu’il y a la solidarité familiale à La Réunion.

Et là-dessus, je suis désolé de les contredire mais je la vis au quotidien la soi-disant solidarité familiale à La Réunion… Les jeunes foyers ont déjà du mal à s’en sortir, et ils ne peuvent pas aider leur parent. La solution intermédiaire qui a été mise en place parce que les maisons de retraite sont réservées aux riches, avec des retraites qui avoisinent les 3 000€, ce sont les familles d’accueil et là encore, on s’aperçoit qu’il y a de graves problèmes.


Que pouvez-vous nous dire sur ce système des familles d’accueil ?


Si vous avez de la chance, vous tombez sur des gens bien qui ont du cœur et qui vont vous choyer. Mais beaucoup font ça pour de l’argent et nous nous trouvons aussi en présence des cas de maltraitance des personnes âgées, mais c’est hélas un sujet tabou à La Réunion, pour nos élus. Quand on place quelqu’un en famille d’accueil, il faut faire des contrôles pour vérifier si tout va bien, et je précise, des contrôles surprises.

Pas des contrôle où vous avertissez les familles 3 semaines à l’avance pour qu’elles puissent préparer l’arrivée des contrôleurs. Et même si vous constatez qu’il y a un problème, la difficulté de trouver une nouvelle maison pour la personne âgée maltraitée est réelle et… Les choses sont trop lentes.


Que pensez-vous des différentes mesures sociales mises en place ?

Si elles servent à parer l’urgence, elles en sont en aucun cas des solutions durables. Je travaille avec des membres d’Eveil citoyen 974 et les propositions que nous élaborons soulignent toujours ce point. C’est à la racine qu’il faut traiter le problème.

Et la racine c’est l’insuffisance du montant des retraites dans le privé, des plafonds CMU qui ne sont pas en phase avec la réalité du coût de la vie, des TVA qui alourdissent les factures, des mutuelles trop chères… Les milliards qui circulent dans les hautes sphères sont indécents, quand on vit la misère au quotidien. Et les gros budgets qui sont gérés par les organismes n’atteignent que ceux qui connaissent leur droit.

Et l’Allocation solidarité aux personnes âgées, plus connue sous le terme ASPA ?

Les gens sont mal informés et ils ne le demandent pas systématiquement. Son montant d’ailleurs est faible comparé au coût de la vie. Et puis il y a ces mesures de récupération. Si vous êtes propriétaire, souvent dans le cas des agriculteurs qui ont hérité d’un petit terrain familial, ou des foyers pauvres, que vos enfants n’ont pas les moyens de vous aider, vous avez envie de leur transmettre un petit quelque chose quand vous partez. Vous avez à peine fermé les yeux, les enfants reçoivent déjà les papiers pour rembourser ce que la Sécurité Sociale a versé en matière d’ASPA. Si vous êtes RMiste, vous devez rembourser quand même…

Quel est votre sentiment à propos de la pauvreté d’une façon générale à La Réunion ?

Je pense que nos élus devraient arrêter de faire la politique de l’autruche et se battre non pas pour les budgets qu’ils vont pouvoir gérer à leur guise, mais d’exiger un niveau de vie décent pour tout le monde. J’ai déposé des propositions partout à La Réunion et un jour, j’ai vu que Thierry Robert avait énuméré quelques-une lors d’une intervention au parlement. Les élus ici, n’ont plus de proximité avec les gens.

Ils ne sont pas à l’écoute, ils se perdent dans toute sorte de projets pharaoniques qui coutent des milliards… Leur combat c’est les budgets, ce n’est pas la population. Il faut mettre en place plus de maisons de retraite accessibles aux pauvres, qu’on arrête de plafonner la CMU pour les personnes âgées et les handicapés… Avec Eveil citoyen 974, nous envoyons nos propositions directement aux élus de Métropole. Dernièrement, le Président du Sénat, Jean Pierre bel a répondu à notre lettre de juillet 2013… et a communiqué nos propositions aux commissions. Lire la lettre du Président du Sénat.


Quel est votre sentiment à l’issue de ces 3 journées ?

Nous ne sommes pas sortis de l’auberge, et j’ai l’impression que nous sommes toujours face à de véritables montagnes. Le blabla, je connais… En face, nous avons une bureaucratie lourde, une machine administrative complètement rouillée. Une demande de logement, une demande de CMU, une demande de retraite, une demande d’aide…

Ce sont des tonnes de papiers à remplir, des justificatifs à n’en plus finir alors que la plupart du temps, ils vous réclament votre avis d’imposition… Vous avez aussi une multitude de services sociaux… J’ai de plus en plus le sentiment que cette pauvreté est un instrument de la politique locale et d’une façon générale partout, pour maintenir la population dans un état de dépendance aux mesures sociales de tout ordre.

Avec deux membres d’Eveil Citoyen 974, avec mon ami Philippe Regnier et tous ceux qui m’aident dans ma lutte quotidienne, nous commençons à nous adresser directement aux élus nationaux pour les problèmes que nous rencontrons. Il y a trop d’injustice, trop d’inégalités et plus ça va, plus l’écart se creuse…

Interview



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